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Photo du rédacteurNicolas Kssis

La presse du sport populaire 

Pour communiquer et se développer, le sport populaire s’est toujours appuyé la presse écrite. Ou plutôt les presses…   

© FSGT 

Le sport populaire entretient un lien très fort, presque constitutif, avec le monde de la presse. C’est d’ailleurs un journaliste de L’Humanité, Henri Abraham Kleynhoff, qui fonde, en novembre 1907 à Paris, le premier club ouvrier français : l'Union sportive du parti socialiste.    


Dans les colonnes du quotidien de Jean Jaurès, on défend alors l’idée que le sport est indispensable à l’émancipation des classes laborieuses. « Si les ouvriers français aimaient le sport comme leurs camarades anglais, leur ardeur de revendication dans la lutte pour la semaine anglaise serait décuplée », lisait-on par exemple en juillet 1913. Par la suite, et au moins jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, le journal, devenu organe officiel du PCF, constituera un des principaux vecteurs de communication des diverses organisations travaillistes : la FST (Fédération sportive du travail) puis la FSGT. De nombreuses épreuves sont également conjointement organisées, dont le fameux Cross de L’Humanité entre 1933 et 1968.  

  

Sport libre  

  

Pour communiquer, les clubs ouvriers de l’époque utilisent surtout le réseau de la presse politique locale (Le Midi Socialiste à Toulouse ou La Voix de l’Est en banlieue parisienne), voire syndicale (La Vie Ouvrière de la CGT). Mais, petit à petit, les organisations sportives se dotent aussi de leurs propres journaux…   


Signalons d’abord l'existence d'un épisodique Sport et Socialisme, publié par la Fédération sportive athlétique socialiste. De 1923 à 1930, Le Sport Ouvrier, le journal de la FST, paraît de manière très erratique et quelques numéros de L’Écho Sportif du Travail sont imprimés juste après. En 1933, le quinzomadaire Sport est lancé. Il deviendra, à partir de décembre 1934, l’organe officiel de la toute nouvelle FSGT. 


Pendant les années noires de l’Occupation, la principale action du réseau de résistance Sport libre consiste à diffuser clandestinement une feuille du même nom, parfois un simple recto-verso. Il s’agit de proposer une contre-information à celle de Vichy et d’éclairer les Français·es sur les compromissions des autorités sportives avec l’occupant nazi.   

  

Sport et plein air est né !   

  

Les grands espoirs de la Libération sont vite douchés, y compris dans les médias. La tentative de construire un quotidien concurrent de L’Équipe, qui a pris la succession de L’Auto, interdit pour collaboration, échoue. De son côté, la Fédération lance La Vie de la FSGT à partir de 1945. Le journal vise surtout à illustrer la résilience du sport travailliste, en particulier après la scission des années 1950 et l’ostracisme dont il est victime dans un contexte de Guerre froide.   


En 1953 ; c'est la création de Sport et plein air. « Ce n’est pas une naissance que nous avons à fêter aujourd’hui, car Sport et plein air n’est que la suite logique de la longue série de numéros de La Vie de la FSGT parus depuis la Libération », expliquait Raoul Gattegno, futur président de la fédération, dans le premier numéro. 


Progressivement, l’outil se transforme. D’abord en changeant de format, pour se rapprocher des magazines hebdomadaires ou mensuels, puis, au cours des années 1970, en s’ouvrant à des thématiques allant au-delà des seules affaires FSGT. 


Parmi les plumes qui viennent enrichir la revue fédérale, il faut citer la regrettée Jane Renoux. Journaliste à L’Humanité dans les années 1980, elle écrit également dans les colonnes de Sport et plein air. Convaincue, partisane au bon sens du terme, de la possibilité, voire de la nécessité pour la gauche, d’un sport progressiste, elle mène une bataille pour que le « second sexe » soit reconnu à égalité, aussi bien dans le mouvement sportif qu’auprès de sa famille politique, à une époque où cette question reste presque un sacrilège. 

  

Théoriser la pratique   

  

Décembre 1981, la France hume encore le vent du changement depuis l’élection du premier président de gauche de la cinquième République : François Mitterrand. C’est à ce moment-là que commence à paraître Dire en APS (activités physiques et sportives). 

  

Au départ éditée et coordonnée par le conseil pédagogique et scientifique de la FSGT, cette revue trimestrielle se donne pour mission de balayer le vaste champ de la théorisation de la pratique. « L’éclairage portera sur la novation, l’inédit, le germe de changement », pouvait-on lire dans l’édito du premier numéro. Pendant de nombreuses années, Dire (pour « démocratiser, innover, rechercher et éduquer ») apportera de la réflexion, aussi bien au sein de la fédération qu’auprès des étudiant·es et des enseignant·es en sciences et techniques des activités physiques et sportives, abordant des questionnements aussi variés que la didactique, l’histoire du sport ouvrier et l’écologie. 


De nos jours la presse écrite demeure toujours un outil précieux pour le sport populaire. Mais l’apparition du web et la généralisation de l’usage des réseaux sociaux transforment ses enjeux de communication... 


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