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Photo du rédacteurNicolas Kssis

Marion Philippe l « L’UCPA a dû évoluer pour s’adapter à la demande »

La problématique de l’articulation du tourisme populaire et de la démocratisation des sports de plein air n’est pas nouvelle. Son histoire permet d’ailleurs de saisir nombre des enjeux actuels dans ce domaine. Maître de conférences en histoire du sport à l’Université Gustave Eiffel (Seine-et-Marne), Marion Philippe a justement étudié ce sujet dans le numéro 4 de la Revue Partances et elle a même consacré une thèse (Coopérer pour développer l’accès des sports de plein air à la jeunesse populaire ? Étude de la relation entre les pouvoirs publics et les associations de tourisme sportif, 1944-1996) autour de l’UCPA. Elle nous résume les principaux enseignements de son travail en trois points.

© Université Gustave Eiffel

Pouvez-vous nous décrire la genèse de l'Union nationale des centres sportifs de plein air (UCPA) et nous indiquer de quelles mouvances cette organisation est-elle issue ?

Marion Philippe : Originellement, il y a deux organisations : l’Union nationale des centres de montagne (UNCM), née en 1944, et l’Union nautique française (UNF) qui a vu le jour un an plus tard. Ces unions, tout comme l’Union nationale des centres sportifs de plein air, regroupent en leur sein des fédérations sportives et des mouvements de Jep (jeunesse et d’éducation populaire). Ces derniers les gèrent d’une main de maître. Il faut par exemple souligner l’importance des Scouts de France qui ont été longtemps à la tête de l’UNCM et qui ont permis la survie de l’UNF au début des années 1950. La fusion des deux Unions débute sous l’égide de Maurice Herzog à partir de 1963 pour aboutir à la fin de l’année 1965. Il y a une réelle mainmise de ce haut-commissaire à la Jeunesse et aux Sports sur cette fusion et elle est vérifiée dans ma thèse. Le but est de former une association qui correspond aux besoins du ministère [de l’Éducation nationale dont dépend le haut-commissariat] ; avoir une structure gérant les activités de plein air de loisir pour former, d’un point de vue physique et moral, la jeunesse à travers ces pratiques. Finalement, quand nous parlons de l’UCPA, nous parlons surtout des mouvements de Jep et des fédérations sportives qui administrent toute la politique de l’association.

Quel rôle a-t-elle pu jouer dans la démocratisation des activités physiques et sportives de plein air ?

Marion Philippe : Si des éléments sociologiques ont fait que ce n’était pas si simple que ça, j’ai pu confirmer, dans le cadre de ma thèse, le rôle réel de l’UCPA dans la démocratisation des activités physiques et sportives de plein air. Dans ses statuts, l’Union affirme son objectif de toucher une population jeune dans un but de formation physique et morale. Elle ne fait aucune distinction en lien avec une appartenance à un mouvement de jeunesse, comme cela était le cas au temps de l’Union nationale des centres de montagne et de l’Union nautique française. Le fait qu’elle soit créée en coopération avec le haut-commissariat à la Jeunesse et aux Sports a permis une collaboration constante de l’Union avec le ministère chargé des Sports. Elle a bénéficié de subventions de fonctionnement et d’équipement visant à tenter de maintenir un prix d’accès aux stages suffisamment bas pour être accessibles. Lors de la crise des années 1970, l’UCPA bénéficie d’un soutien du ministère et des collectivités pour développer les activités sportives de loisir de proximité avec, par exemple, les bases de plein air ou les centres équestres.


Quelles sont les problématiques auxquelles elle est désormais confrontée ?

Marion Philippe : Il faut rappeler que le cœur du métier de l’UCPA se situe dans le milieu associatif, mais que beaucoup l’identifie à une entreprise. Le groupe a tout de même des entreprises dans des milieux plus spécifiques comme la formation, la gestion du foncier ou pour le sport de proximité. Elle a donc la possibilité de contrer les problématiques liées aux conditions imposées par le statut d’association. Depuis les années 1980, l’Union a dû évoluer pour s’adapter à la demande, mais aussi à l'évolution politique. Elle a dû se rapprocher du niveau politique par une organisation régionale avec la décentralisation, mais aussi s’ouvrir à l’international et développer les initiatives locales par les loisirs sportifs de proximité. Elle a donc collaboré avec les collectivités territoriales, notamment pour des initiatives scolaires puis avec la création progressive des structures « UCPA sport station » que nous connaissons aujourd’hui. L’Union nationale des centres sportifs de plein air s’est parfaitement adaptée à la commercialisation des pratiques.

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