Ambiance festive à Troyes pour les fédéraux d’été !
On gardera en tête le son des cloches, les banderoles rouge et or brandies fièrement par le club de Pau natation ou encore un « joyeux anniversaire » festif chanté au micro des récompenses ! L’atmosphère était pour le moins bouillante ce week-end du 18-19 mai à la piscine des Chartreux de Troyes (Aube), où se déroulaient des championnats de France FSGT de natation d'été 2024 de la FSGT qui ont réuni près de 300 athlètes.
Il faut dire que cela fait « près de neuf mois » que la compétition, point d’aboutissement de la saison des jeunes nageurs et nageuses (il s’agit de la dernière épreuve nationale de l’année) se préparait, nous explique Jean-Luc, membre de la commission fédérale d’activité (CFA) natation, qui a mis en place l'événement en collaboration avec le comité de l’Aube de la FSGT ainsi que des élus et élues locaux·ales. Si le rassemblement a été un succès, il est dû, pour beaucoup, au soutien et à l’engagement des 45 officiel·les et à la multitude d'autres bénévoles mobilisés pour organiser ce week-end dans la joie et la convivialité. C’est d’ailleurs séduit par ces valeurs que Jean-Luc, bénévole à la FSGT depuis 2002, est tombé dans le bain alors qu’il accompagnait sa fille lors des compétitions qu’elle disputait. Désormais membre de la CFA et chargé de tout l’aspect logistique à Troyes (de la mise en relation des acteurs et actrices de la compétition au transit des starters), il se présente comme un « facilitateur pour que tout se passe bien ».
Pour Baptiste, coordonnateur du pôle activités et culture sportive de la fédération, la dimension « populaire » et sociale est au centre des préoccupations de la FSGT, dont les différents modes d’approche « sont autant d'entrées possibles » vers un sport accessible au plus grand nombre. À l’image de ces championnats fédéraux de natation, la compétition est l’un de ces leviers permettant de célébrer et de mettre en acte un droit du sport pour tous et pour toutes, en proposant à un maximum de nageur·ses de s'affronter au niveau national, « notamment des personnes qui n'auraient pas forcément la chance de participer à un championnat de France dans une fédération délégataire ».
Une récompense pour les jeunes
Éric, également membre de la CFA natation et entraîneur de Pau natation, se reconnaît aussi dans les valeurs portées par la FSGT. Avec les clubs de Laruns et de Jurançons, ils sont venus à 25 nageurs et nageuses, coachs et officiel·les, et ont parcouru plus de 800 kilomètres pour ces épreuves fédérales. Il nous confie que son club, doublement affilié FSGT-Fédération française de natation (FFN) , met un point d’honneur à proposer tous les ans ce rassemblement à ses jeunes. Il récompense avant tout leur investissement au long de la saison par un déplacement (le plus souvent) en dehors du département, opportunité rare pour un ou une compétitrice dans le cadre du championnat délégataire (en raison des exigences plus élevées en termes de minima de qualifications).
Parmi les 4 000 licencié·es en natation de la FSGT, Rémi, 13 ans, membre du club des Dauphins du Centre-Brie (Seine-et-Marne), se déplaçait cette année à Troyes pour son quatrième championnat fédéral. Aligné sur le 400 mètres nage libre, le 50 mètres dos, le 100 mètres brasse et le 1 500 mètres nage libre, il nous explique attendre et apprécier ces moments en équipe où il prend autant de joie « à nager qu’à aller encourager ses camarades ». Poussé en tribunes par sa mère qui a fait le déplacement et ses coéquipiers et coéquipières, Rémi s’épanouit tant sportivement qu’humainement dans la pratique d’un sport qui lui a beaucoup apporté en matière de confiance en soi depuis qu’il a commencé il y a 7 ans, et notamment depuis qu’il nage avec « les grands » depuis janvier, nous confie Angelin, son entraîneur.
Au fil de nos discussions avec Rémi, comme avec les autres nageurs et nageuses, c’était le climat bon enfant de ces championnats de France FSGT et le plaisir pris à « faire de la compétition sans pression » – pour reprendre une expression d’Éric – qui ressortait. Car si certains et certaines sont également engagé·es sur des compétitions FFN, celles-ci sont davantage centrées sur la seule dimension performative. À Troyes, si l’on n’a pas oublié l’aspect sportif, on était avant tout là pour s’amuser et profiter de moments uniques.
Lisa Roux : « Je ne savais même pas que j’étais arrivée première »
Pour seulement un dixième de seconde d’avance sur sa dauphine, Lisa Roux a été sacrée championne de France FSGT 2024 du 100m brasse à Troyes ! Ce sont le mental et la concentration qui ont été déterminants pour cette nageuse de 21 ans au sourire et à la joie communicatifs. « Vous voyez quand là il y a plein de bruit : dans l’eau on n’entend plus rien, on est dans notre bulle et on se dit maintenant tu donnes tout », confie Lisa. Lorsqu’elle est en course, « [elle] ne regarde pas la nageuse d'à côté » – au risque de se démoraliser si elle voit devancée ou de baisser en intensité dans le cas contraire. C’est simple : « [elle] fonce ».
Mais si la brasse est la nage favorite de cette adhérente du club des Dauphins du Centre Brie (DCB) de Fontenay-Trésigny (Seine-et-Marne), elle ne s’attendait pas forcément à gagner aujourd’hui. Peu présente à l’entraînement cette année, celle qui nage depuis toujours (elle a commencé aux bébés nageurs) traverse une saison compliquée. Entre ses études pour devenir professeure des écoles, ses petits boulots, et son sentiment d’ « avoir fait le tour », elle n’a plus ni le temps ni l’envie de s’entraîner quatre fois par semaine.
Un manque de pratique qui la pénalise nécessairement dans ses performances, « la natation [étant] un sport exigeant qui demande beaucoup de temps dans l’eau », explique son ancien coach, Fabien Fraysse. De quoi être plus admiratif encore d’une championne de France FSGT qui a su faire « ce qu’il fallait au bon moment », trouver les ressources psychologiques pour se dépasser et rebondir – notamment après un résultat décevant en compétition deux mois plus tôt.
Mais c’est peut-être en parvenant à adopter un état d’esprit pragmatique et décomplexé, en acceptant que « de toute façon elle n’avait rien préparé », que Lisa s’est mise dans les bonnes conditions pour l’emporter. Son entraîneur Angelin Samson, qui ne passe pas inaperçu au bord du bassin – on a pu le voir pousser sa nageuse un peu à la manière d’un coach de football avec de grandes exclamations - nous rapporte justement avoir fait un point avec elle à la mi-journée pour échanger sur l’importance de nager détendue, en se focalisant davantage sur son « plaisir à nager » que sur le chronomètre.
Pour une jeune nageuse qui a besoin de « sentir qu’on attend quelque chose d’elle et qu’on la soutient » (F. Fraysse), l’appui et les encouragements des DCB – club où elle a d’ailleurs fait toutes ses classes – auront joué un rôle tout aussi décisif pour puiser la motivation qui l’a guidée vers l’or : « Lorsqu’on les voit au bout de la ligne, alors on se dit que maintenant il faut tout donner, qu’ils sont derrière toi et que tu n’as plus le choix ». Lisa nous confie enfin que c’est aussi pour sa petite sœur, qui a fait le déplacement jusqu’à Troyes, qu’elle a voulu gagner.
Une victoire qui pourrait la relancer pour la saison prochaine ? La nageuse concède être tiraillée entre l’impression qu’elle « [a] d’en avoir encore sous le pied » et son envie de privilégier désormais les autres éléments de sa vie. Mais c’est peut-être aussi le côté « trop sérieux » des compétitions FFN, qu’elle a disputées l’année dernière, qui l’ont lassée de sa discipline.
Lisa se retrouve davantage dans « l’ambiance familiale des compétitions FSGT : là c’est “gentil”, on s’amuse et on discute avec les autres clubs ». Alors, en attendant de statuer sur la suite, la jeune fille a profité du moment présent pour célébrer sa victoire en équipe et encourager ses amis et amies encore dans l’eau pour les dernières courses de la journée.
Maud Tardieux - Reportage et portrait réalisés en collaboration avec l'association Femmes journalistes de sport
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