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Palestine, la formation au cœur de la solidarité !

Dernière mise à jour : 4 avr.

Depuis 2000, les relations entre la FSGT et la Palestine s’appuient largement sur la formation.

Du 12 au 24 octobre 2021, 30 Palestiniens et Palestiniennes étaient en France pour réaliser une formation « Sport pour toutes et tous » auprès de la FSGT… © Sarah Makharine
Du 12 au 24 octobre 2021, 30 Palestiniens et Palestiniennes étaient en France pour réaliser une formation « Sport pour toutes et tous » auprès de la FSGT… © Sarah Makharine

Au départ, les contacts établis entre la FSGT et le sport palestinien s’inscrivaient dans une logique, assez classique au sein du sport travailliste, de solidarité internationale et de reconnaissance des droits du peuple palestinien. Un protocole d’accord avec le haut conseil de la jeunesse et des sports de l’OLP est ainsi signé aux débuts des années 1980. Le premier match de football France-Palestine se déroule à Vigneux (Essonne) deux ans plus tard. Au tournant des années 2000, dès qu’il sera possible de se rendre sur place, en Cisjordanie et dans la bande de Gaza, et d’organiser des échanges sportifs et éducatifs, la problématique va changer d’ampleur. 


Les projets s'enchaînent alors. « Hébron vivre la ville 2000-2005 » était centré sur les activités sportives ou culturelles dans l’espace public. « Sport fraternité 2005-2010 » proposait la mise en place d'animations dans la vieille ville d’Hébron. « Écoles de lutte 2003-2010 » était implanté dans le quartier Tariq Ben Ziad d’Hébron et à Jénine. « Amélioration de la qualité de l’EPS 2006-2013 » ciblait la formation des enseignantes d’éducation physique et sportive pour transformer les contenus éducatifs. « Centre Tariq 2010-2013 » accompagnait la création d’un centre socio-sportif dans une zone occupée de la ville d’Hébron. Le « Programme inter-associatif pour le développement d’une éducation physique et sportive émancipatrice pour toutes et tous 2015-2018 » visait à toucher les populations les plus éloignées de l’activité sportive - les femmes, les personnes en situation de handicap et les enfants vivant en Zone C, sous contrôle de l'armée israélienne. Malgré la situation actuelle dramatique, ce type d'initiatives continue, comme l’illustre, entre autre, la récente venue des grimpeur·ses palestinien·nes en France...


À lecture de cette chronologie, il paraît évident que la formation est devenue un des moteurs de cette coopération internationale. Dans le numéro de SPA (Sport et plein air) de novembre 2011, Alain Jeunehomme, du comité de Seine-Saint-Denis, expliquait de la sorte que « depuis dix ans, nous avons davantage stabilisé et formalisé notre stratégie en développant au fil du temps une action permanente avec Jénine, Tulkarem, Qalqiya et Naplouse autour de la formation d’éducatrices sportives ». 


Cette politique concerna un certain nombre de sports, dont évidemment le football, dès le début des années 2000. Thierry Argomaniz, instituteur et entraîneur de foot dans la région stéphanoise, et Alain Buono, conseiller en formation à la FSGT, ont par exemple animé des stages destinés aux coachs à partir de 2001, à Hébron et à Naplouse. Ils se sont heurtés aux poids des représentations dominantes, marquées par « des demandes d’entraînements types Real de Madrid, Manchester, des entraîneurs qui n’analysent pas le réel », témoignait Alain Buono dans SPA. Toutefois, « d’autres [coachs], heureusement, sont entrés dans la logique de ce qui existe ici et maintenant et s’attaquent à optimiser, à développer le foot palestinien dans toutes ses dimensions ».


Autre sport éminemment populaire, surtout dans le Moyen-Orient, la lutte. Un projet autour de cette discipline, piloté par la FSGT et soutenu par l'Agence française de développement, la région Île-de-France et la Caisse centrale d'activités sociales d’EDF-GDF, s’est ancré dans le centre Tariq. Ce lieu unique en Cisjordanie occupée, un espace d’animation sportive avec une salle de lutte/gym et un bassin de natation, permet « à un grand nombre d’enfants de milieux les plus défavorisés de participer à des activités sportives encadrées par des animateurs et des animatrices formés » (SPA, 05/2013). Le centre devient aussi un vecteur important dans le domaine de la formation. Sport et plein air le signalait en novembre 2013 :

« dix sessions de formation ont été mises en place par les formateurs de la FSGT et de ses clubs et de profs d'EPS - via le projet “Amélioration de l'EPS en Palestine”, porté par la FSGT 93 avec des militants du centre EPS & Société-Snep -, en direction des éducateurs du quartier, et notamment des professeurs de sport des écoles primaires, afin que soit développée une nouvelle approche de l’apprentissage basée sur le jeu ». 

 

Former tous les publics 

 

Par ailleurs, la dynamique de formation s’est ouverte sur tous les publics, en particulier celui en situation de handicap, comme nous le décrivait la revue fédérale en mai 2013 :

« une trentaine d'animateurs (hommes et femmes) impliqués dans les associations spécialisées, les écoles et les ministères palestiniens de l’éducation nationale et de la santé ont bénéficié du troisième stage de formation d’animateurs multi-activités enfants en pratiques partagées organisé par la FSGT à Hébron, du 23 au 27 mars dernier. Jean-Pierre Garel, professeur d’EPS agrégé, spécialiste sur ces questions, coordonnait et animait cette session de cinq jours, accompagné d’Yves Renoux, formateur FSGT, et de Carine Esbri, coordonnatrice du chantier fédéral “pratiques partagées”. Une participation massive qui est bien la preuve que cette action de formation répond à un réel besoin de prise en charge de ces enfants dans la société palestinienne. »  

Le sport féminin constitua aussi un des axes essentiels de la formation. Yves Renoux s’en réjouissait ainsi dans SPA en 2011, soulignant « la réussite exemplaire du projet de formation continue des enseignantes d’EPS à travers la mise en place du diplôme sport pour tous et les formations des formatrices et des animatrices qui interviennent dans les camps d’été ». Nina Charlier, enseignante d’EPS et militante du Snep, retraçait, dans un numéro spécial de Sport et plein air consacré à la Palestine en novembre 2011, cette prise de conscience :

« en 2007, fortes de l’expérience réussie des stages d’animatrices et au regard des besoins, nous estimons qu’il faut élargir notre champ d’action. Nous nous orientons vers des formations de formatrices palestiniennes qui deviendront aptes à former des animatrices. Ainsi nos actions se démultiplient et la coopération est plus positive. »

 

L’EPS, cœur de cible 

 

On le devine, le sport en milieu scolaire, et donc la collaboration avec les enseignant·es et leur syndicat, va s’imposer de plus en plus comme incontournable. Membre du Snep, Bruno Crémonesi éclairait dans SPA, en novembre 2011, les raisons de cette convergence :

« dès 2000, la FSGT investit la question de l’animation sportive pour tous, au départ avec le ministère des sports. Puis, assez rapidement, nous avons mis en place des stages de formation. L’origine des participants, en très grande majorité professeures ou étudiantes en EPS, nous a conduit à nous tourner vers le ministère palestinien de l’éducation. » 

Cette évolution est renforcée par le sentiment d’une impasse face au sport palestinien, inscrit dans le système dominant élitiste et le haut-niveau. « Actuellement, le seul lieu qui garantisse une égalité la plus grande ou plutôt une inégalité la plus faible, reste le cadre de l’école », précisait Bruno Crémonesi.

« Nous avons donc œuvré à inscrire nos formations en articulation avec le ministère palestinien de l’éducation en cherchant des formes nouvelles de coopération avec la vie associative locale. Dans ce premier champ éducatif formel, l’école, la FSGT a élaboré plusieurs projets mettant au centre le jeu sportif de tous et toutes comme un enjeu éducatif de la formation du futur citoyen cultivé et critique. »

En 2021, SPA établissait un premier bilan de la phase 2 du programme « Pour une éducation physique et sportive émancipatrice pour toutes et tous en Palestine » après la période délicate du Covid 19 :

« pas moins de 70 stagiaires ont enfin pu redémarrer en octobre et en novembre derniers et d’autres [stages] sont d’ores et déjà prévues pour 2022. Ainsi, trois formations en direction de 80 professeurs et superviseurs d’EPS, futurs formateurs et formatrices, seront organisées du 19 au 24 février dans les villes de Tulkarem, Ramallah et Bethléem. Mises en place aux côtés du ministère de l’éducation palestinien et du Snep, elles seront suivies de trois nouvelles en août et de dix stages à destination d’au moins 200 animateurs et animatrices dans dix collectivités territoriales palestiniennes. »

Mais donnons un peu la parole aux acteurs et actrices. « J’espère apprendre de nouvelles choses et, ensuite, les transmettre à d’autres professeurs en Palestine pour améliorer leurs aptitudes », confiait par exemple Safiya Btha, professeure d’EPS et animatrice de zumba au sein d'un club du village de Battir, à l’occasion d’un stage en Seine-et-Marne (SPA, 12/2021).

« Grâce à cette phase, j’ai également appris que tout le monde a la capacité de jouer, que tout le monde peut comprendre, et que tout le monde peut inventer une méthode adaptée pour pratiquer. » 

Dans le même numéro de Sport et plein air, Emmanuelle Bonnet-Oulaldj, alors coprésidente de la FSGT, mettait en retour la lumière sur la valeur inestimable, pour la fédération, de cette riche, et parfois terrible histoire, surtout au regard de la situation actuelle :

« ces projets sont un atout extraordinaire dans le cadre de la formation des dirigeants de la FSGT et de leur appropriation du projet fédéral. Bénévoles et salariés, nombreux sont aussi celles et ceux, des clubs, des comités, des commissions fédérales d’activités et du siège fédéral à avoir participé aux projets de coopération avec la Palestine. En lien avec leurs champs de compétences, ils et elles ont ainsi mieux compris le sens de l’émancipation par le sport, et l’enjeu primordial des contenus d’activités du sport populaire et solidaire. »

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