Les Jeux paralympiques de Paris 2024 seront organisés du 28 août au dimanche 8 septembre prochain. Mais est-ce que cet événement va permettre une plus grande inclusion des personnes en situation de handicap à court ou long terme ? Rien n’est moins sûr, et en particulier dans les transports…
Les JO de Paris 2024 vont se dérouler du 26 juillet au 11 août prochains. Les Jeux paralympiques auront lieu dans la foulée, et cet événement va rassembler près de 4 500 athlètes en situation de handicap pendant onze jours !
Les Jeux paralympiques ne se sont jamais tenus dans l’Hexagone. Si leur histoire remonte aux « Jeux mondiaux des chaises roulantes et des amputés », organisés à partir de 1948 à Stoke Mandeville (Grande-Bretagne), leur première édition officielle, sous l’égide du CIO, fut mise en place à Rome en 1960, une semaine après les olympiades « classiques ».
Au sein de la grande famille des anneaux, il se manifeste la volonté d’accorder à cette compétition une place de plein droit, voire d’égalité. On parle d’ailleurs désormais des Jeux olympiques ET paralympiques (JOP) ! « C'est extrêmement important d'être très proche », expliquait à ce sujet Andrew Parsons, le président du Comité international paralympique, à Franceinfo le 28 février dernier.
« Le comité d'organisation nous a donné un vrai défi en nous incluant avec les JO sous le même logo de Paris 2024, nous sommes très fiers de cette identité. »
S'ils sont une vitrine du haut niveau handisport, les Jeux paralympiques permettent également de poser des questions plus vastes sur la place du handicap dans notre société et l’accès aux activités physiques des personnes non-valides… Rappelons que douze millions de nos concitoyen·nes, soit 17 % de la population, sont en situation de handicap et que le fameux héritage des prochains JOP, promesse essentielle pour faire avaler la pilule des importants investissements publics, va être particulièrement déterminant pour eux/elles.
Héritage limité…
Les infrastructures créées à l’occasion de Paris 2024 sont souvent mises en avant. Citons par exemple le Pôle de référence inclusif sportif métropolitain, hub consacré au handisport à Bobigny. Cependant, avant même de mesurer quel sera l’impact des futurs Jeux paralympiques, il n’est pas inutile de se demander comment le handicap a été intégré dans les problématiques des JOP au sens large, et tout d’abord en termes d’accessibilité.
Bref, avant de prendre part à ses propres matchs de para badminton à l’Arena Porte de la Chapelle, un joueur pourra-t-il facilement s’y rendre pour assister aux épreuves des athlètes valides ? Les transports en commun demeurent bel et bien un point particulièrement sensible pour les personnes en situation de handicap, et le récent cas d’une joueuse de basket-fauteuil, dont la chaise roulante avait été complètement broyée lors d’un déplacement en avion, a illustré leurs difficultés au quotidien. En septembre dernier, le journal La Tribune soulignait d’ailleurs l’ampleur de l’enjeu pendant les Jeux 2024 :
« Des aéroports aux gares en passant par le métro, les bus ou encore les tramways, autant de moyens de transport que les 350 000 personnes en situation de handicap, dont 3 000 à 4 000 en fauteuil, seront amenées à utiliser pour se placer sur les différents sites ».
Si Île-de-France Mobilités, l’autorité en charge des transports dans la région, investit de manière conséquente (pas moins d’1,5 milliard d’euros pour rendre accessibles 270 gares franciliennes SNCF), seulement 5 % du réseau métropolitain sera adapté aux personnes non-valides. Or difficile de penser les transports en commun de la capitale sans le métro… « Les Jeux olympiques et paralympiques étaient la parfaite occasion d'améliorer considérablement l'accessibilité de Paris et de l'Île-de-France », déplorait de ce fait Nicolas Mérille, conseiller national accessibilité d’APF France handicap, auprès de France 24 en 2023.
« On n'arrête pas de nous parler de l'héritage des Jeux, malheureusement il semblerait qu'en terme de transports, cela sera assez limité. »
… ou tremplin ?
Le 29 février dernier, Tony Estanguet, président du comité d’organisation des prochains JOP continuait de réciter ses traditionnels mantras sur la bénédiction olympique qui tombe sur la France. « En matière de handicap, il y aura un avant et un après ces Jeux paralympiques », assurait-il à L’Opinion.
Mais que restera-t-il dans les caisses des services publics une fois l’effort consenti pour le bonheur et les profits du CIO ? Déjà soumis à la cure d’austérité décidé par le gouvernement, le budget du ministère des sports vient d’être raboté de 50 millions (lire vue d’actu ci-dessus). Le 24 février dernier, Dimitri Jozwicki, sprinteur handisport, essayait tout de même de voir le verre à moitié plein sur le site handicap.fr :
« On tape beaucoup sur Paris en disant que ça ne sera pas adapté, mais je ne vois pas qui pouvait s'attendre à ce que tous les métros le soient. Par contre, si ça permet de se rendre compte que ça ne l'est pas, et qu'on met en place les démarches pour réparer ça, Paris 2024 aura servi à quelque chose. Il faut que ce soit le tremplin de quelque chose, pas un soufflet. »
À travers les prochains Jeux paralympiques, il existe une volonté, au moins symbolique, de souligner l’inclusion des personnes en situation de handicap dans la société et le sport. Pour la première fois, les JOP disposeront d’un logo unique. Ils partageront également des sites de compétition exceptionnels tels que le château de Versailles, ou, à Paris, les Invalides ou le Champ-de-Mars, et 300 heures de diffusion télévisuelle sont prévues.
L’affiche officielle de l’événement, dessinée par Ugo Gattoni et foisonnante de détails avec des faux airs de « Où est Charlie ? », intègre pleinement le handicap. D’ailleurs, Stoke Mandeville, dont nous avons parlé plus haut, a sa place à côté du Trocadéro ou de Tahiti. Mais il existe néanmoins une autre inconnue, une fois les lumières fragiles de cet événement éteintes ; le soutien effectif dont bénéficieront les clubs au quotidien pour développer le handisport ou les pratiques partagées handi-valides…
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