René Moustard est l’auteur de Militant du sport populaire, un ouvrage tout récemment paru et édité par Libertalia. Ancien président de la FSGT, il a accepté de répondre à plusieurs de nos questions…
Pourquoi avez-vous eu envie de raconter votre vie de militant du sport populaire ?
René Moustard : Il y a une formule qui dit : « On ne naît pas militant, on le devient ». Et ça a effectivement été mon cas. Je suis né le 17 juin 1935, dans un milieu familial et social qui ne me destinait pourtant pas au militantisme. Devenir militant est toujours le résultat d'une décision personnelle. Ce n'est pas un métier, il faut être motivé. Avoir eu envie de raconter ma vie militante résulte d'un autre processus. En 2020, j'ai 85 ans. Je suis un retraité et je prends conscience de ma situation personnelle, de mes problèmes de santé, du début de la vieillesse. Après une longue réflexion pour savoir comment réorganiser ma vie, je décide d’arrêter le militantisme tous azimuts et de me concentrer sur un seul objectif : bien vieillir. Pour avoir une activité qui me motive, j’entreprends une étude rétrospective de cette vie en utilisant l'importante documentation que j'ai conservée.
Quel est le passage le plus important de votre vie militante ?
René Moustard : Il se situe au cours des années 1960. À cette époque, j’étais professeur d’EPS et membre de la commission administrative nationale du Snep. Je militais également au sein du PCF, en faisant notamment partie du bureau départemental de la fédération de l’Aube, et à la FSGT, puisque j’avais intégré son comité national en novembre 1965. Mais en 1966, le moment est venu de choisir une orientation, et j'accepte de devenir un permanent de la fédération. En juillet de la même année, puis en 1967, je participe aux stages Maurice Baquet de la FSGT, des formations organisées à Sète (Hérault) pour créer le sport de l’enfant, en tant que directeur pédagogique de la colonie Gai-Soleil. J’aide alors les moniteurs et monitrices à mettre en place les séances d'activités physiques et sportives à destination de 400 garçons et filles âgés de 6 à 14 ans. Et le 1er septembre 1968, je débute enfin mon activité au siège fédéral. Indiscutablement, cette période constitue la rampe de lancement qui m’a permis de militer à la FSGT comme permanent pendant 32 années et de continuer en tant que bénévole lors de ma retraite…
Quel regard portez-vous sur les 90 ans de la fédération ?
René Moustard : 1934 est l’année de naissance d’une nouvelle organisation : la FSGT. Ce qui fait cette organisation, son fonctionnement et sa politique, c'est l'activité au quotidien de ses militants, selon leurs conceptions et leurs expériences diverses. De 1907, date de la création des premiers clubs ouvriers, à 2024, 117 années se sont écoulées avec une succession de phases extrêmement différentes les unes des autres pour la fédération. Pour la réalisation de mon livre, j'ai d’ailleurs été amené à m'intéresser à toutes ces périodes. Ce passé de la FSGT doit être étudié dans ses relations avec le présent et en regardant vers l'avenir. Cette fédération sportive ouvrière, puis travailliste, puis du sport populaire, a toujours cherché à s'émanciper du modèle dominant, que ce soit le sport bourgeois du début du vingtième siècle ou le sport d'aujourd'hui imposé par le capitalisme actuel.
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